De la quête de soi et de ses origines à la quête du monde, Farid Belkahia tente de se faire l’interprète d’un être-au-monde particulier; interroger l’être dans son rapport au temps et à la mémoire. Un temps non seulement d’histoire et de culture mais, bien au-delà, un temps ouvert sur l’infini, un temps d’éternité où l’être, abordé dans sa dimension historique, politique et sociale, deviendra peu à peu le lieu d’une interrogation de plus en plus essentielle et qui tendra vers une acceptation et une appréhension de plus en plus universelles. Démarche qui obligera Farid Belkahia à convoquer très tôt les formes primordiales: le cercle, le triangle, le carré, le point, la croix et la flèche. Ces formes, traitées pour elles-mêmes, dans leur dimension géométrique, donneront lieu, tout au long de son parcours, à une émergence symbolique, définissant l’être dans son absoluité et son universalité, en dehors de tout impact de civilisation. “L’être, dans sa vérité première, est le même, quelques soient les cieux qui l’abritent”, nous dit-il. L’être sera alors, dès sa période expressionniste, s’étalant de 1950 à 1965, non pas traqué mais approché, cerné, presque prié d’extérioriser sa douleur. Une fois placé au centre de sa démarche et de son questionnement, l’être va ensuite se signifier par son “malaise dans la civilisation” et sa manière d’être non pas encore au monde mais à la société et au politique.
RAJAE BENCHEMSI